[LES CONSULS et LES SENATEURS parlent]
Cela faisait plusieurs mois qu'ils repoussaient l'échéance, mais cette fois, ils ne pouvaient y échapper. Les senatores se décidèrent enfin à considérer la demande de citoyenneté du mercatoris Quintus Germanicus.
Quaestio non facile erat.
En effet, il fallait prendre en compte les orgines étrangères, barbares mêmes ! de Quintus Germanicus.
Si la citoyenneté lui était accordée, il fallait envisager l'affilier à l'une des gentium de Rome, afin qu'il change de nomen pour en prendre un plus romanum. Cela non plus n'était pas aisé car il fallait alors interroger omnes les personnes vivantes de la gentis pour obtenir leur accord.
D'autre part, Quintus Germanicus avait, comme il le rappelait, bien combattu pro Roma et s'était montré un dignum Romanum, ancré dans les valeurs de virtutis et gravitatis.
De plus, son affiliation permanente à Rome permettrait à son commerce d'enrichir la cité directement, commerce qui était florissant.
Il ne fallait pas oublier non plus que Quintus Germanicus était amatus par le populo, et sa citoyenneté ravirait certainement la plebem.
Mais certains senatores s'opposaient clairement à cette idée : les origines étrangères étaient leur plus grand obstacle. Leurs arguments tenaient en un seul, fort et menaçant : si ce barbare était accepté ce jour au sein de optimae maximae Romae, qu'empêcherait les autres barbares de faire de même ? At mox, Roma non romana sit.
A ce discours, des senatores plus tolérants et plus ouverts d'esprit répliquaient qu'il ne s'agissait pas de laisser omnes barbaros devenir romains, mais un seul homme qui, certes, était né ailleurs, mais avait plus oeuvré pour Rome que certains nés dans la cité.
Le débat fit rage per plurimos dies. Lorsqu'enfin la décision fut prise, les sénateurs et les consuls convoquèrent Quintus Germanicus.
Ils lui exposèrent d'abord tous leurs arguments, tout ce qui avait été échangé à son sujet, afin qu'il comprenne entièrement leur décision.
Puis ils rendirent leur verdict :
Civitas Quinti Germanici... non accepta erat.